Les étapes
de la peau au cuir
Le cuir est le résultat de la transformation de la peau brute animale, rendue imputrescible par le travail des tanneurs et mégissiers.
Son appellation est encadrée par le décret n° 2010-29 du 8 janvier 2010, qui applique l’article L.214-1 du Code de la consommation, connu sous le nom de Décret Cuir. Ce décret stipule que l’utilisation du terme « cuir » est strictement réservée aux matières obtenues à partir de la peau animale, par un procédé de tannage ou d’imprégnation qui conserve la structure naturelle des fibres de la peau.
Les tanneurs travaillent les grandes peaux (bovins ou exotiques par exemple) alors que les mégissiers travaillent les petites peaux (ovins, caprins).
Durant le processus de la transformation de la peau en cuir, on distingue quatre étapes principales, qui sont le travail de rivière, le tannage, le corroyage et enfin le finissage.
Étape 1 :
Travail de rivière
Le travail de rivière consiste à éliminer les parties de la peau non-transformables en cuir.
Cette étape représente un ensemble d’opérations de nettoyage de la peau, comme la trempe, l’épilage, le pelanage et l’écharnage, qui permettent de la préparer au tannage en garantissant la pénétration des agents tannants.
- La trempe ou reverdissage : la trempe sert à hydrater la peau, la dessaler et débarrasser des parties organiques solubles.
- L’épilage et pelanage : l’épilage a pour but d’éliminer les poils et l’épiderme de la peau animale, tandis que le pelanage permet d’augmenter la réactivité de celle-ci avec les matières tannantes afin d’améliorer l’une des propriétés physiques du cuir fini qui est la souplesse. Le bain permettant la réalisation de cette étape est appelé « pelain ».
- L’écharnage : cette opération mécanique, qui élimine le tissu sous-cutané, est réalisée grâce à une écharneuse.
À l’issue de ce travail de rivière, il ne reste de la composition de la peau que le derme, qui sera transformé en cuir après tannage.
Étape 2 :
Le tannage
Le tannage est le fait de fixer des agents tannants sur les fibres de collagène du derme afin de stabiliser cette structure, on passe ainsi de la matière peau au matériau cuir. Cette opération est réalisée à l’aide d’un foulon, où est mélangé eau, peau et agent tannant (tanin).
Il existe plusieurs types de tannage, en utilisant des substances de différentes natures (végétal, minéral ou combiné), on distingue différents tannages : tannage végétal, tannage minéral (au Chrome), tannage synthétique … etc.
Tannage minéral, dit tannage au Chrome :
C’est le procédé de tannage le plus répandu au monde, avec 80 à 85% de la production mondiale de cuirs. Ce dernier, consiste à fixer dans la peau le sulfate de Chrome après dissolution.
Le cuir obtenu immédiatement avec ce type de tannage est un cuir bleu appelé wet blue.
Tannage végétal :
C’est la forme de fabrication de cuir la plus ancienne, en raison de la diversité et de l’abondance des matières végétales dans la nature.
Le cuir de tannage végétal représente environ 10% de la production mondiale de cuirs.
Le cuir obtenu immédiatement avec ce type de tannage est un cuir de couleur marron plus ou moins intense.
Les 5 à 10% des cuirs restants sont issus d’autres tannages comme le synthétique, au zirconium et à l’aluminium.
Le cuir obtenu immédiatement avec ce type de tannage est un cuir blanc appelé wet white.
L’intérêt de la variété des procédés de tannage est d’avoir une flexibilité sur les caractéristiques et les propriétés du cuir fini, en répondant à la demande du marché et, par conséquent, au besoin du consommateur.
Étape 3 :
Le corroyage
Le corroyage est une étape décisive qui permet d’obtenir les caractéristiques spécifiques du cuir en termes d’épaisseur, de souplesse, de résistance et de couleur, en respectant les critères du cahier des charges.
Ce procédé de corroyage représente de nombreuses opérations, que l’on peut classifier en trois catégories :
Les opérations mécaniques (réalisées par des machines) :
Exemples : L’essorage, le refendage, le dérayage, l’étirage et le palissonnage.
Le rôle de l’essorage est de réduire le taux d’humidité du cuir en éliminant une grande quantité d’eau.
Le refendage sert à diviser le cuir en épaisseur en deux couches (cuir + croûte).
Le dérayage permet d’égaliser l’épaisseur des peaux.
L’étirage est le fait d’étirer le cuir afin d’obtenir une surface plane.
Les opérations chimiques :
Exemples : La neutralisation, le retannage, la teinture et la nourriture.
La neutralisation sert à ajuster la réactivité du cuir face aux produits qui vont être ajoutés lors de la teinture et/ou de la nourriture.
Le retannage sert à modifier légèrement le comportement du cuir et à préparer celui-ci à la teinture.
La teinture permet de colorer le cuir, qui possède à ce niveau, la couleur provoquée par les agents tannants.
La nourriture sert à modifier les caractéristiques de souplesse et d’imperméabilité à l’eau du cuir.
Le séchage :
Cette opération est très importante dans le cycle de la transformation du cuir, car elle a une influence sur la qualité du cuir.
Après cet ensemble d’opérations, le cuir est enfin prêt à subir la dernière étape qui est le finissage.
Après cet ensemble d’opérations, le cuir est enfin prêt à subir la dernière étape qui est le finissage.
Étape 4 :
Le finissage
À ce stade, le cuir possède toutes les propriétés structurelles définitives. Néanmoins, l’utilisation du cuir dans cet état est rare, d’ailleurs le cuir est appelé à ce niveau « cuir semi-fini ».
L’objectif de la finition est de parfaire l’aspect esthétique de la surface et d’en assurer la protection.
Les finitions se rangent en deux catégories :
- Les aspects velouteux obtenus par des opérations de ponçage (nubuck, cuir velours et croûte velours)
- Les aspects lisses obtenus par application d’un finissage en surface (cuir pleine fleur, fleur corrigée et croûte)
Le finissage est réalisé par application de couches successives de mélanges composés d’eau, de matières colorantes et de résines. Ces mélanges sont appliqués par pistoletage ou déposés sur le cuir par un cylindre gravé tournant sur un axe.
La finition à aspect transparent est appelée finition aniline, et elle permet de valoriser au mieux l’aspect et le toucher naturel du cuir. Tandis que la finition dite pigmentée a un aspect opaque. Cette finition est applicable sur tout type de surface : pleine fleur, fleur corrigée et croûte.
En complément des couches de finissage, les opérations mécaniques telles que le satinage-grainage, le foulonnage, le lissage, le liègeage et le lustrage parfont l’esthétique du cuir fini obtenu.
Le grainage consiste à reproduire un relief gravé sur le cuir à l’aide d’une presse.
Le satinage sert à aplanir la surface du cuir à l’aide d’une plaque lisse.
Le foulonnage permet de donner de la souplesse au cuir.
Le liègeage consiste à plier le cuir fleur contre fleur pour obtenir un cuir liégé.
Le lissage a pour but d’obtenir une surface très lisse et brillante.
Le lustrage permet de frotter la surface du cuir.
Vidéo de présentation des étapes de tannage
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Les tests qualité
et conformité
Afin de contrôler et de juger de la qualité et de la conformité des cuirs, ces derniers doivent être exposés à des tests d’essais physiques et mécaniques, ainsi qu’à des analyses chimiques.
Les principaux essais physico-mécaniques pratiqués sur le cuir sont classés en quatre catégories :
- Évaluation des caractéristiques (surface et épaisseur)
- Essais de résistance (déchirure, traction, flexion, solidité et abrasion)
- Essais de confort (imperméabilité et respirabilité)
- Essais de tenue de coloris (solidité)
L’objectif des analyses chimiques dans le cuir est de vérifier la conformité des cuirs vis à vis des substances soumises aux restrictions et/ou aux interdictions et d’évaluer les cuirs par comparaison avec d’autres.
Dans le laboratoire d’essais physiques de CTC
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Le traitement des eaux
Dans les tanneries et mégisseries, le traitement des eaux est essentiel pour gérer les eaux usées générées par les différents procédés de traitement des peaux. Ces eaux contiennent souvent des produits chimiques, des résidus organiques et des solides issus des étapes de préparation et de tannage des peaux.
Dans ce contexte, les eaux sont traitées en trois phases : pré-traitement, traitement primaire et secondaire visant ainsi à réduire l’impact environnemental, de limiter la pollution des cours d’eau et, dans certains cas, de réutiliser l’eau traitée dans d’autres étapes de la transformation.
Sachant que ce traitement est soumis à de nombreuses contraintes réglementaires relatives à la protection de l’environnement, les tanneries et les mégisseries mettent en place des réseaux séparatifs, des traitements adaptés et ne rejettent pas directement leurs effluents dans le milieu naturel.
Les équipements
Pour passer d’une peau brute à un cuir fini, cette transformation nécessite l’utilisation de nombreuses machines.
Echarneuse
C’est une machine essentielle pour réaliser l’opération d’écharnage.
Elle est composée de cylindres rotatifs avec lames qui permettent de raboter les tissus sous-cutanés de la peau.
Foulon
Le foulon est une machine utilisée durant le processus de transformation de la peau en cuir dans différentes opérations comme le tannage et la teinture.
Refendeuse
La refendeuse permet de diviser le cuir en épaisseur afin d’obtenir deux couches (cuir et croûte).
Ligne de pistolets
Appareils de tests
Le test de flexion du cuir est un essai utilisé pour évaluer la résistance et la durabilité du cuir face aux pliures répétées.
Tests de résistance physico-mécaniques
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Station d’épuration
Les objectifs de la station d’épuration sont de réduire l’impact environnemental et de limiter la pollution des cours d’eau en effectuant des traitements des effluents en respectant la réglementation en vigueur.
Le cycle de vie du cuir
Le cuir est un matériau naturel et durable obtenu à partir de peaux d’animaux. Son cycle de vie comporte plusieurs étapes essentielles, de l’origine de la peau jusqu’à la fin de vie du produit final. Voici une description détaillée des différentes phases.
Transformation
Après les étapes de transformation des peaux en cuir (préparation, tannage, et finition), le matériau devient une ressource précieuse utilisée dans une multitude de secteurs. Chaque type de cuir, en fonction de sa qualité, de son épaisseur, de sa souplesse et de son origine animale, est destiné à des usages spécifiques.
Voici un aperçu des principaux ateliers qui travaillent ce matériau :
- Ateliers de maroquinerie : Les ateliers spécialisés transforment le cuir de veau, de chèvre ou d’agneau en articles élégants, pratiques et durables.
- Ateliers de ganterie
- Ateliers de confection pour vêtements en cuir
- Ateliers de sellerie
- Ateliers de cordonnerie et de fabrication de chaussures
- Ateliers de tapisserie et d’ameublement
Chaque atelier ou manufacture adapte le cuir à ses besoins spécifiques en utilisant des savoir-faire artisanaux ou industriels. Cette pluralité d’utilisations témoigne de l’importance du cuir dans notre quotidien, mais aussi de la nécessité d’une gestion responsable et durable de cette ressource précieuse.
Distribution
La distribution d’objets en cuir s’appuie sur un réseau diversifié pour répondre aux différentes attentes du marché, qu’il s’agisse de produits neufs, de seconde main ou d’articles de luxe. Cette organisation favorise une meilleure accessibilité tout en valorisant l’image et la durabilité du cuir.
Voici les différents éléments qui composent le réseau de distribution :
- Distributeurs : les distributeurs assurent le lien entre les fabricants de produits en cuir et les points de vente, ils jouent un rôle essentiel dans la gestion des stocks et l’approvisionnement
- Revendeurs et détaillants : les revendeurs indépendants ou les chaînes de détaillants jouent un rôle clé dans la diffusion des produits en cuir
- Boutiques en centre-ville
- Magasins dans les centres commerciaux
- Boutiques en ligne : le commerce en ligne est devenu un pilier incontournable pour l’achat d’articles en cuir. Les plateformes e-commerce offrent une accessibilité sans limites géographiques et une grande diversité de choix.
- Concept-stores : les concept-stores sont des lieux hybrides qui combinent différents univers, souvent en mettant l’accent sur des produits originaux, innovants et tendance.
Le réseau de distribution des produits en cuir est vaste et diversifié, permettant de s’adresser à différents types de consommateurs et de répondre à leurs besoins variés.
Utilisation
Le cuir est réparable grâce aux experts du cuir, à savoir les artisans réparateurs ou les cordonniers.
De plus, la réparation du cuir est un acte citoyen économique et accessible à tous, qui permet d’améliorer la durabilité de nos produits en cuir et de soutenir nos artisans locaux.
Seconde vie
Le cuir est intrinsèquement un matériau issu de l’économie circulaire, puisqu’il valorise un sous-produit de l’industrie agroalimentaire qui aurait autrement été détruit. Grâce à ses qualités de durabilité et de résistance, il permet de fabriquer des articles conçus pour durer, se transmettre et trouver une seconde vie sur le marché de l’occasion.
Certaines pièces en cuir peuvent être portées pendant plus de 20 ans, comme des chaussures emblématiques, tandis que certains sacs à main ou sneakers prennent de la valeur avec le temps, devenant parfois plus chers qu’à leur prix d’origine.